vendredi 27 août 2010

EXPULSIONS










" Ils n'en finissent pas de naître

(de n'être ?),

Condamnés toujours à l'expulsion comme à leur premier cri."


Citation de Alain, sous le billet " Soldat inconnu...", du blog de Michèle Delaunay.

( Rem : la photo est plutôt symbolique.
Car je ne pense pas que Alain parlait de Goëlands
Bénis seulement par un pape allemand... )

jeudi 12 août 2010

LE MIROIR QUI BRISE





HIER

Il avait quinze ans dans les années quarante. Il vivait avec ses parents dans un immeuble où résidait aussi une famille juive, qui comptait un garçon de son âge. Auquel il n'avait pas le droit d'adresser la parole. Car ses parents étaient prudents : en ce temps-là, il était dangereux de parler à ces gens là...

Un jour, son père décide de dénoncer à l'occupant les juifs de l'étage au-dessus. Car ce sera plus prudent de montrer aux plus forts la bonne coopération des habitants de cet immeuble...

L'ado de 15 ans a tout entendu.
Le soir, il croise dans le sombre escalier le jeune Juif de son âge. Il pourrait lui dire : " Attention...". Mais il ne dira rien. Il ne doit pas lui adresser la parole. Et il est obéissant.

(Peut-être en auriez vous fait, non pas autant, mais si...rien , comme sous-entend de manière lancinante Jonathan Littell dans son ouvrage " Les Bienveillantes" ?)

Le lendemain matin, vers six heures, des bruits de bottes dans le sombre escalier. De faibles cris. Déjà résignés.

Par la fenêtre de sa chambre, l'enfant de quinze ans voit embarquer par des hommes en uniforme noir celui qui aurait pu être un copain, mais qui ne l'aura jamais été, avec sa petite soeur et ses parents...

Il va regretter longtemps de n'avoir pas eu la force de crier " Attention !".
Mais c'est trop tard. La vie est une errance sans retour possible en arrière, dont chaque seconde aura été indélébile.

DEMAIN OU APRèS-DEMAIN

L'adolescent des années 40 est un vieil homme aujourd'hui. Retraité.
Mais, demain ou après-demain, il a fallu, crise oblige, supprimer toutes les retraites (sauf les dorées, mais ce n'est qu'une autre histoire). Et avec effet retro-actif !
Alors le vieil homme s'en va demander un emploi de veilleur de nuit.
Dans l'administration. Donc, il va passer un examen devant le Miroir de la Mémoire.
Un truc tout moderne, qui permet de lire les pensées des sujets. Un truc qui ressemble à un scanner, mais dont l'écran est observé par un procureur.

(Rem. 1 : il est important de préciser qu'en ce temps-ci, les procureurs seront des gens sans instruction -puisqu'on a supprimé les juges du même nom-, et par conséquent sans éducation.
Rem. 2 : je pense que ce miroir scanner est un truc qui permet tout simplement de lire la mémoire des électrons de ceux qui passent l'examen.
Mémoire des électrons : lire sur ce blog le billet " Théâtre", du 8 juillet 2009, avec l'explication scientifique dans l'acte 2.)


MAINTENANT

Dans le Miroir de la Mémoire, l'implacable procureur a vu les Juifs, l'adolescent, sa petite soeur et les parents, poussés à la fourche dans des wagons à bestiaux, puis gazés et brûlés.

Dans les images (forcément un peu floues) du miroir, le Vieil homme, jeune à l'époque, semble jouer un rôle actif.

Le procureur le condamne donc aux galères à perpétuité, pour crimes contre l'Humanité.

La perpétuité du Vieil homme ne durera que quelques heures. Il meurt vite d'épuisement dans cette galère, et son corps est jeté à la mer, dans l'indifférence totale.

AMORALITéS


Amoralités de cette histoire :

- Tous les miroirs peuvent s'avérer déformants ;
- La mémoire est souvent subjective, même celle des électrons ;
- Et quand rien ne va plus pour les gens, tout va très bien pour la déesse Rentabilté.

mercredi 11 août 2010

CERTAIN







Je suis absolument certain que :







-une certaine heure

et

-une heure certaine

...ce n'est pas du tout la même chose.