dimanche 14 août 2011

LES CAVES DE MALPERTUIS (4)








...Maintenant, les arbres hurlent en se fendant en grandes planches qui s’amoncellent sur les bords de la route.

...
Les planches au bord de la route, avec des bruits d’outils électriques, se bousculent, s’entrecreusent, se lèvent en ayant formé de grands cercueils sans frioritures ni couvercle, plantés là pour attendre dans leurs entrailles béantes les survivants.
Aussi loin que porte la vue, les arbres tombent avec un hurlement à vous glacer le sang. Les impitoyables cercueils se dressent, avec le bruit crissant de scies et tenailles invisibles...
...

Il est seul maintenant avec son angoisse. Une angoisse qui lui fait aussi mal qu’une rage de dent. Une rage de dent logée entre le cœur et l’estomac....
...
Mortel bruit des moteurs. Moteurs de corbillards. Presque 200 nœuds maintenant au compteur d’ironie. Pour un seul nœud d’angoisse.
Tourner, descendre. Tourner, des cendres.
Il tourne, descend, tournedescend. Vers...
...

Epilogue :

Une fois par siècle Pluton
Passe en-dessous de Neptune
Et chacun croit
Que l’autre est la Lune

De roches calcaires
Ou de roches pas claires ?


samedi 13 août 2011

LES CAVES DE MALPERTUIS (3)








...L’ensemble doit peser plusieurs centaines de kilos, mais il le soulève sans la moindre difficulté apparente.
Il reste un moment immobile et penché sur la tombe de celle qui fut son amie et dont des événements épouvantables l’avaient séparé.
Il se retourne alors vers Euryale, la splendide cousine dont il avait aussi été amoureux.
Mais Euryale a disparu : Jean-Jacques vient de la perdre pour la troisième fois.

Euryale
Qu’il avait aimée
Comme Bets
Aimée
Avec un I majuscule
Et ces fautes d’orthographe
L’avaient pétrifié
Tout triste tout noir
Il s’est réveillé
Tout triste tout blême

C’est seulement maintenant que Jean-Jacques se rend compte du paysage qui l’entoure. Et de tout ce qui a changé. Pendant...
Il fait lentement un tour sur lui-même, apercevant les quatre horizons sans vouloir les regarder, espérant seulement entrevoir dans l’un des lointains la flamboyance des cheveux d’Euryale.
Avec un soupir qu’on entend d’angoisse, il se dirige alors vers Malpertuis...

LES CAVES DE MALPERTUIS (2)










...Quand je m’approche du mur, une ruelle s’ouvre entre ses pierres.
Comme la Ruelle ténébreuse de Jean Ray…
Sombre et sinueuse, entre deux murs très hauts : de vieux murs de Gand ont parfois vingt mètres de haut, voire plus.
On pourrait mesurer la hauteur précise de ces murs impressionnants très simplement :
-on plante dans le sol un bâton dépassant tout juste d’un mètre. On mesure l’ombre du bâton, l’ombre du bâtiment, et le tour est joué avec une simple règle de trois.
Mais la règle de trois n’aura pas lieu dans « ma » ruelle.
Parce que, le soleil n’y descendant jamais , on ne pourra jamais y mesurer l’ombre d’un bâton. Ni aucune autre d’ailleurs.
Ruelle ténébreuse, ruelle des morts, ruelle d’autre monde ? Je ne sais pas. Pas encore.
Je m’enfonce dans « ma » ruelle. Après une cinquantaine de mètres, un tournant à droite, à angle droit très raide.
(Note : un angle droit « très raide » est pour moi un angle tendant vers l’aigu. On pourrait le qualifier d’angle « plus que droit », et l’associer à un son grinçant. ) Le « paysage », que rien ne laissait deviner, n’a pas changé par rapport au premier tronçon : des murs très hauts, suintant d’humidité, maintiennent dans une ombre éternelle l’étroit passage.)
Coudes à droite, à gauche, à gauche, à droite,… toujours à angle droit ou pire.
J’affronte donc aussi des « angles gauches » : c’est ainsi que j’appelle les virages à gauche à angle droit. Il y a aussi dans la ruelle des angles gauches grinçants.
De tronçon en tronçon, de coude en coude,...

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...La ruelle est très humide. Tellement qu’à un moment j’enjambe une énorme flaque d’eau, qui semble assez profonde. Et je vois du mouvement dans cette eau. Il s’agit d’un poisson ! Un « carassius auratus », mieux connu sous le nom de poisson rouge. Qui vit apparemment dans cette flaque. Comment est-il donc arrivé là ?
Je n’ai pas voulu écrire directement son nom commun « poisson rouge », parce que mon poisson est blanc. Il s’agit donc sans doute d’une poissonne, car dans mon jardin il y a des poissons rouges, noirs, bicolores ou blancs. Les blanches s’appellent Blanchette, Blandine, Blanquine, Colombine,… Allez savoir pourquoi !
Mon poisson (ou ma poissonne ?) me regarde. Je crois qu’elle voudrait sortir de cette flaque. Mais je n’ai aucune possibilité de l’emmener, surtout que je ne sais pas où je vais. Je la regarde, et je lui promets de la tirer de là quand j’aurai trouvé quelqu’un. Je continue mon chemin...

LES CAVES DE MALPERTUIS







Dans son oeuvre Malpertuis, Jean Ray décrit, jusqu'au grenier, les grandes pièces de la colossale maison maudite. Sauf les caves. Une seule allusion : le magot est caché dans la quatrième cave.

J'ai donc décidé (pas spécialement pour trouver le magot) d'explorer les caves de Malpertuis. Il fallait d'abord trouver la sombre maison. Ce fut un étrange voyage, dont j'ai consigné les détails sur un carnet.

En voici quelques extraits :


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Cette nuit est noire de neige
A cause du brouillard et d’une fumée
Bleu spirale
Il n’y a pas d’étoiles
Parce qu’on les a un peu déchirées
Cette nuit coupe le souffle et on n’entend plus
La musique des verres qui se brisent
Sur le comptoir des souvenirs
Le murmure du silence a le rythme
D’un cœur qui va s’arrêter

C’est une nuit à ne pas poser les questions
Auxquelles personne ne répond

...

Lampernisse présent dans d’autres monuments ténébreux de notre littérature .
L’Arrache-cœur (Vian) et Aurelia (Nerval).
Lampernisse, Jacquemort et Saturnin, le même personnage ?
C’est peut-être pour cela que Chavée avait écrit :
» Je vous salue, Messieurs
On ne crucifie pas les Ombres… »

Nerval, Vian, Chavée et Jean Ray.
Le symbolisme, le surréalisme et le fantastique sont-ils trois branches du même arbre dont les racines s’enfoncent au delà des mondes, derrière le miroir, sous le voile d’Isis, dans un univers d’envers du décor ?

On rétorquera que Boris Vian n’aimait pas le Grand Meaulnes, que Breton, très exigeant quant à l’écriture automatique (symbole de liberté et spontanéité des surréalistes) ne devait pas apprécier beaucoup Nerval.
Pourtant, Nerval avait écrit :

« Papillon, fleur sans tige
Qui voltige… »

Et cette image devenue célèbre, « Un papillon, c’est une fleur qui vole », serait un mot d’enfant. Un enfant : le symbole de la spontanéité, du « parler automatique ». Nerval et l’enfant ont dit la même chose.

Quant à Jean Ray, il écrivait ses histoires terribles…pour distraire sa petite fille !

Pour soulever le voile d’Isis (Nerval) ou traverser la Ruelle ténébreuse (Jean Ray), il fallait la liberté, devenue premier commandement des surréalistes.

...

dimanche 7 août 2011

CRISE. ETERNELLE ?









Une des agences de notation (pour laquelle je n'ai aucune considération, étant donné la malhonnêteté criminelle de leur trio pourri lors de la crise 2008) vient de dégrader la note des USA.
Etant donné la dégradation de la Grèce, on peut comprendre : la dette par habitant est quasi la même aux Etats-Unis qu'en Grèce.
Comme il s'agit maintenant des USA, tout le monde, et surtout les sacro saints "marchés", s'inquiète.

Je me rappelle que quand le dollar montait, le pétrole et ses dérivés (transports, chauffage,...)aussi.
Donc, s'il descend, tout ça doit diminuer ? Ouf!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Mais non...:il y a eu des fois aussi où le dollar baissait, et que ça faisait augmenter aussi le pétrole ! Quelqu'un avait compris pourquoi ?
Personne ?
Je continue....

Bref, crise aux USA. Avec quinze mille milliards de dollars de dette.
Selon Joseph Stiglitz (prix Nobel d'économie), la guerre en Irak coûterait 720 millions de dollars par jour.

http://translate.google.be/translate?hl=fr&langpair=en%7Cfr&u=http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2007/09/21/AR2007092102074.html

En utilisant les chiffres de l'économiste, et en considérant l'Afghanistan au même "prix" que l'Irak, on peut calculer que ces guerres ont coûté à ce jour à la 1ère puissance mondiale plus de cinq mille milliards, soit plus du tiers de leur dette !

Va s'en suivre un plan d'austérité. Comme en Grèce, puis ici avec le retour de vague.
A noter : le plan "Zone euro" pour la Grèce et au cas où..., est aux frais des con-tribuables et con-sommateurs. Pour le moment, au profit des créanciers de la Grèce. Dont la banque _américaine_ Goldman Sachs. Banque qui avait, comme les autres pourries, mendié l'assistanat public pour surmonter la crise provoquée par leurs pratiques nauséabondes.
Après avoir obtenu des milliards à du O,5 %, ces pourritures rachètent l'emprunt grec (et les autres), et y imposent 15 % et plus d'intérêt, grâce aux notations de leurs agences !

Pour le moment, on est en austérité au profit les actionnaires de G-Sachs. (Il faut de + en + de pauvres pour faire un riche.)
Demain, quand il faudra aider les USA (parce que la Chine vient de froncer les sourcils, donc, faut être sérieux), on va serrer d'un cran supplémentaire pour les marchands de canon.

NB : je trouve aussi méprisables les banquiers véreux, les traficants d'armes ou de drogue...

Mais...quand on aura tout payé,..., la mondialisation aura passé. ( "No pasaran" : une utopie...).
Les conditions de vie seront alors ici les mêmes qu'en Chine : salaire mensuel d'une centaine d'euros, pour plus de 40, et jusqu'à 70 quand productivité impose (sans compta d'heures sup) heures de travail hebdomadaire.

On comprend, c'est au nom de l'Egalité : pourquoi on gagnerait plus en travaillant moins ici qu'en Chine ?
Faut être logique, disait déjà San Antonio...