jeudi 10 mai 2018

PIERRES







Les pierres se lèvent
Quand le soleil tombe
Leurs masses se frôlent
Sans s'étriper
Ni même se froisser
Jeu d'ombre
Et de lumière

mardi 13 février 2018

HISTOIRE...








Il faut fermer la porte

Rester debout dans le noir

Fermer les yeux

Enfin vivre cette histoire

A mourir debout

Parce qu'il n'y a pas

Assez de lits dans les hôpitaux

vendredi 13 octobre 2017

PRéCISION







Dans le billet précédent, je disais, un peu trop vite, que le dette publique par habitant tournait autour des 30 000 euros.

En réalité, il y a de grosses disparités, notamment dans l'UE.

Voir le tableau du lien ci-joint :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dette_publique_des_%C3%89tats_de_la_zone_euro

mardi 10 octobre 2017

DETTE PUBLIQUE






En Europe, la dette publique dépasse dans chaque pays largement les 30 000 euros/habitant. Et la recette de l'UE pour régler ces sommes impayables, c'est : austérité.

Donc, c'est en gagnant moins que les gens vont rembourser plus !
Chercher l'erreur...

Dette publique = taxe inique que les valets du Nouvel ordre mondial ont insidieusement imposée à chaque péquenaude et péquenot sur le droit de respirer. De ne plus respirer d'ailleurs que l'air vicié par la corruption et la pollution répandues dans nos campagnes et nos forêts par ces vampires initiateurs de cette taxe.

Nouvel Ordre mondial. Acte 2 d'un "Ordre nouveau" que l'on n'aurait fait que semblant d'éradiquer ?

mercredi 21 juin 2017

LES DERNIERES LICORNES

Les dernières licornes...

Le titre de la dernière(?) oeuvre de l'un de mes frères, Jacques.

Voici pourquoi on peut être assuré qu'antan, il y a bien eu des licornes :

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LES DERNIERES LICORNES.




L’imagination, c’est quand cherche une explication, là où il n’y a pas d’explications, là où il
n’y a pas besoin d’explications, là où il n’y aura jamais d’explications…
J’ai acheté la statuette d’une fée avec une licorne parce que je l’ai trouvée jolie. Mais ça ne
m’a pas suffit. J’ai voulu savoir qui était cette fée, qui était cette licorne et pourquoi elle
l’enlaçait comme ça.

Mais jamais personne n’aurait pu me répondre, sûrement pas celui qui me l’a vendu et peutêtre
même pas celui qui l’a conçue.

Alors, je n’ai pas eu le choix : on n’est jamais si bien servi que par soi-même, donc j’ai écrit
moi-même l’explication que je cherchais. C’est terrible mais depuis que j’ai fini, j’ai
l’impression d’en savoir plus qu’avant…

“Les choses modernes ne me touchent pas. Pour être ému, j'ai besoin que ça soit ancien, avec
un imaginaire d'un autre siècle, de préférence assez lointain.”
(Éric Reinhardt « L'amour et les forêts »)

On ne devrait jamais cueillir une fleur. D’abord, parce qu’une fleur c’est vivant et que si on
la cueille, on la tue : elle est incapable de survivre longtemps une fois qu’on la cueillie.
Ensuite, parce que si on cueille une fleur, il y a une petite (mal)chance qu’on empêche
l’apparition d’une fée.

Les fées viennent en effet des fleurs, mais c’est un phénomène très rare et beaucoup de
conditions doivent être respectées. D’abord, il faut que ce soit une plante saine, pas une
plante fabriquée de toutes pièces par des manipulations génétiques. En plus, la plante doit
avoir eu une évolution exceptionnelle : elle a dû bénéficier de la météo qui lui convient
parfaitement avec juste assez de pluie, de chaleur et de soleil pour lui permettre d’être
épanouie. Enfin, la plante doit être intacte : elle ne doit pas avoir été la proie des insectes.
Elle doit être impeccable avec toutes ses feuilles et une magnifique fleur au-dessus. De plus,
une fée n’apparaîtra jamais dans une ville, ni même dans un village : en général, elle
apparaîtra près d’un bois ou plus rarement dans une campagne relativement boisée. Ce sont
toutes les conditions pour la plante, mais ça ne suffit pas. Il faut en outre qu’au cours de son
évolution un vent du Sud ait apporté avec lui quelques particules de sable fin. Enfin, il faut
que la plante ait connu au moins une fois un bel arc en ciel. Alors, il y a une toute petite
chance que cette plante soit le point de départ de la vie d’une fée. Quand c’est le cas, pendant
une période de 2 à 3 mois, quoi qu’il arrive, la plante ne dépérira pas : même s’il pleut à
torrents, même s’il gèle, même s’il grêle, la plante résistera à tout. Une seule chose peut alors
la détruire : si on s’en prend à elle directement, « physiquement » : si on la cueille, si on
l’arrache, si un animal la mange, alors le processus est interrompu.

Dans le cas contraire, après la période de 2 à 3 mois, en une nuit, la plante mourra
complètement : la fleur, les feuilles, .. tout. Au matin, il n’en restera rien qu’un reste de
plante complètement desséché. Au cours de la nuit, un être minuscule en sera sorti et toute la
vie de la plante sera passée dans cet être minuscule, ce qui explique l’état de la plante au
matin. Cet être minuscule qui mesure entre 5 et 10 cm, c’est une petite fée.
Elle restera dans cet état de « petite fée » pendant une année complète et elle entamera ainsi sa
phase d’apprentissage. Les petites fées ont une capacité incroyable d’apprentissage : durant
sa première année, elle écoutera le vent, la pluie, les animaux et apprendra leur langage. Ces
petits êtres sont ailés mais ils ont aussi la capacité de se rendre invisibles et ne se montrent
que très exceptionnellement. Rares sont ceux qui peuvent affirmer avoir vu une fée. Elles ont
aussi l’occasion d’apprendre le langage des hommes puisqu’elles les rencontrent aussi
pendant leur apprentissage..

Après cette année d’apprentissage, une mutation se produit et la petite fée devient une fée : en
une nuit, le petit être qui n’a pas grandi depuis son apparition atteint la taille d’environ 150 à
170 cm. Il n’y a pas d’autre transition entre le passage de petite fée à celui de fée.
Les fées passent leur vie dans les bois et les forêts. Si elles sont apparues dans la campagne,
en général, elles se réfugient très vite dans la région boisée la plus proche pour ne plus en
sortir. Elles vivent seules mais elles ont beaucoup de contacts avec les animaux qui sont plus
que des amis. Les animaux les acceptent d’autant plus facilement qu’elles connaissent leur
langage. Elles apparaissent volontiers aux animaux mais pratiquement jamais aux hommes.
Elles ne sont pas agressives mais détestent les hommes et se défendent quand elles ou ceux
qu’elles aiment sont en danger. Elles aiment la nature mais les hommes détruisent la nature.
Elles vivent dans les forêts et les hommes suppriment les forêts. Elles aiment les animaux et
les hommes tuent les animaux, parfois même pour le plaisir, par pur sadisme. Alors,
forcément, les hommes et les fées ne sont pas faits pour vivre ensemble. Ca explique
pourquoi elle n’apparaissent normalement jamais aux hommes. D’ailleurs, la plupart de ceux
qui ont vu une fée en sont morts : les fées sont impitoyables et pour elles, la vengeance est
une sorte de justice. Elles peuvent être armées, mais la plupart du temps elles se contentent
de leurs pouvoirs magiques. Si une fée apparaît à un être humain, en général, c’est pour lui
demander des comptes, et l’addition est toujours très élevée. Un être humain n’a aucune
chance contre une fée : quand elle décide d’apparaître, c’est qu’elle a déjà évalué la situation
et pour l’être humain, il est déjà trop tard.

Dans la plupart des cas, la fée est accompagnée d’un animal particulier, un animal qu’elle a
choisi parmi tous les hôtes de la forêt. Ca peut être un peu n’importe quoi : un hibou, un
lapin, un renard, un loup, un ours ou même une licorne…
Car si les licornes ont maintenant disparu, elles ont pourtant existé. C’était un animal sauvage
qui vivait dans les bois et qui n’avait pas beaucoup d’ennemis : avec sa corne, en chargeant,
elle était capable de transpercer un gros sapin, alors les prédateurs pouvaient bien se tenir. La
licorne tenait sa force dans sa corne qui était extrêmement solide et pratiquement
indestructible. C’est un peu étonnant mais c’est justement à cause de cette corne que les
licornes ont disparu car malheureusement pour elles, il y avait les hommes.

Très vite, ils se sont intéressés à cette corne qui permettait de fabriquer les meilleurs outils et
les meilleures armes. Alors, ils ont mené une guerre sans merci aux licornes et, devant les
hommes, il y a peu de choses à faire. Tout était bon pour arriver à son but : les pièges, le
poison, la chasse avec des armes. Petit à petit, alors qu’elles étaient des milliers dans les
forêts, le nombre des licornes a diminué. Finalement, il n’en restait plus que quelques
poignées. Malgré tout, la chasse insensée continuait : quand on aurait exterminé la dernière,
on trouverait autre chose, mais dans l’immédiat, la corne des licornes était bonne à prendre et
c’était à qui aurait la dernière…

C’est à cette époque que Milon ramassait du bois dans la forêt. Il était muni de son arc.
Pendant sa balade, son attention fut attirée par des clameurs non loin de là. Il se dirigea vers
les bruits et ne tarda pas à arriver dans une clairière où une licorne livrait son dernier combat.
C’était une femelle et elle attendait un petit. Une flèche était fichée dans sa croupe et du sang
coulait d’un blessure profonde à son encolure. Elle s’était bien battue : sa corne était rougie
du sang d’un des assaillants qui gisait sans vie au sol mais elle n’aurait pas le dessus. Elle
était blessée et il en restait deux, un armé d’un arc et l’autre d’une longue lance qui la
harcelaient sans cesse.

Milon n’avait jamais chassé une licorne et n’avait jamais approuvé cette bestialité à l’égard
d’un animal aussi noble. Biens sûr, c’était un homme, donc il tuait des animaux aussi mais
c’était pour manger, par pour l’argent, pas pour le plaisir. Sans hésiter, il encocha une flèche,
banda son arc et interpella les deux compères :

- Vous deux, là ! Vous arrêtez immédiatement et vous laissez cet animal tranquille.
Les deux chasseurs s’arrêtèrent net. Il n’avait pas entendu Milon arriver mais quand ils virent
qu’il était seul, ils s’enhardirent :
- S’arrêter ? Et pourquoi donc ? C’est une licorne : ça vaut de l’argent ! Qu’est-ce que tu
vas faire si on n’arrête pas ? Qu’est-ce que tu espères ?
- A vrai dire, espérer, je ne sais pas, mais je peux vous dire ce que je vais faire si un seul de
vous deux fait encore un mouvement : j’envoie ma flèche dans le coeur de celui qui tient
l’arc car c’est le plus dangereux (et à cette distance je ne le raterai pas) et le temps que
j’encoche une seconde flèche, il faudra bien que le survivant prenne une décision : ou il
avance faire moi avec sa lance, et pour ça, il devra tourner le dos à la licorne, ou alors, il
attaque la licorne et se prend ma flèche. Alors, vous rangez vos armes, vous embarquez le
corps de votre copain, vous déguerpissez et demain, vous verrez encore le soleil se lever.
Ils hésitèrent un moment mais comme Milon avait l’air bien déterminé il finirent pas
obtempérer en ricanant :
- « On y va mais de toute façon, elle n’en a plus pour bien longtemps… »

De fait, la licorne avait l’air plutôt gravement blessée et avait besoin de soins. Pour la
soigner, Milon devrait pouvoir l’approcher. Or la licorne est un animal sauvage, elle avait été
traquée et blessée par des hommes. Ce ne serait pas facile de gagner sa confiance. Il était
indécis pendant que de son côté la licorne l’observait avec méfiance mais sans chercher à
l’attaquer.
Milon en était à ses réflexions lorsqu’il sentit un grand souffle derrière lui en même temps
qu’il entendit un bruit bizarre suivit d’une question qui sonnait comme une accusation :

- « Que faites-vous ! »

Il fit volte face et se trouva devant une jeune femme. Elle avait de longs cheveux bruns et
était très belle mais son attitude n’avait rien d’amical : son ton avait été sec, son regard était
dur, impitoyable. Milon avait aussi remarqué ses ailes et savait qu’il se trouvait devant une
fée. Ainsi donc, les fées existaient. Ce n’était pas une légende…

La fée avait aussi entendu les bruits du combat et, arrivée sur les lieux, elle se trouvait devant
un homme armé d’un arc et de sa licorne blessée, le corps transpercé d’une flèche. Car ce
n’était pas simplement « une » licorne, c’était SA licorne. Si elle s’était donné la peine de
l’interpeller, c’est parce qu’elle avait un doute, sans quoi Milon serait déjà mort. Il n’aurait
même pas eu le temps de l’entendre arriver. Ce qui la faisait douter, c’est que, si sa licorne
était blessée, elle avait encore assez de ressources pour se défendre. Or, elle était
étonnamment calme devant son assaillant potentiel pour un animal venant de se faire attaquer.
Les fées ne tuent pas par plaisir, mais par justice : si l’homme n’avait pas attaqué sa licorne,
elle n’avait aucune raison de le tuer. Elle voulait en avoir le coeur net. Elle se dirigea vers
l’animal et lui demanda ce qui s’était passé (pendant leur année d’apprentissage, les fées
apprennent le langage des animaux). Mais les animaux ne s’expriment pas comme les
hommes et perçoivent les choses différemment, sans beaucoup de nuances. Elle apprit ainsi
que des hommes l’avaient pourchassée jusque dans la clairière, qu’ils l’avaient blessée,
qu’elle s’était défendue, qu’elle en avait même tué un. Et puis un autre était arrivé et les
premiers étaient partis. Ainsi donc, son intuition avait été bonne : il y avait eu autre chose.
Elle se tourna alors vers Milon et demanda simplement :

- « Alors ? »

Alors, Milon lui raconta : la promenade, les clameurs, les chasseurs. Après ses explications,
la fée s’avança vers lui, le fixa un moment dans les yeux. Ensuite, elle posa une main sur son
front en fermant les yeux. A ce moment, elle sut qu’il lui avait dit la vérité. Elle comprit
qu’il avait sans doute sauvé sa licorne. Elle se radoucit et lui sourit et lui dit simplement :

- « Merci ».

Milon proposa son aide pour soigner la licorne. La fée accepta mais uniquement pour enlever
la flèche. Pour le reste, elle connaissait les remèdes qui la remettrait sur pied et n’avait besoin
de personne. L’opération serait douloureuse et la fée l’expliqua à sa licorne qui se la laissa
extraire courageusement.

Milon conversa avec la fée. Il apprit qu’elle s’appelait Ermelne. C’est elle qui avait choisi
son nom : elle avait entendu parler les humains et les avait entendu prononcer des noms. Elle
en avait choisi un qui lui plaisait. C’est au cours de cette conversation que Milon apprit qui
était les fées et d’où elles venaient. De son côté, Ermelne apprit beaucoup de choses. Elle
savait que les hommes tuaient les animaux mais elle ne connaissait pas leur acharnement à
pourchasser les licornes. Elle avait bien sûr constaté que leur nombre diminuait mais elle
n’avait jamais imagé la cause profonde ni que les dégâts étaient aussi importants.
Quand ils se quittèrent, Milon lui demanda s’il la reverrait. Elle lui répondit que, quand il
serait dans la forêt, il lui suffirait de penser à elle et qu’elle serait là. Elle l’autorisa à parler
d’elle aux humains : peu lui importait qu’on connaisse son existence et quoi qu’il arrive les
hommes ne lui faisaient pas peur. D’ailleurs, elle n’avait pas l’intention d’apparaître aux
hommes : pour ça, il lui fallait une bonne raison…

Revenu dans son village, Milon raconta donc son histoire, mais, évidemment, personne ne le
crut. Les légendes sur les fées étaient légion et personne n’y croyait vraiment, alors, une de
plus ou une de moins, ce n’est pas ça qui changerait les habitudes et les croyances des
habitants. Milon ne se tracassa pas outre mesure : avant cette rencontre, lui aussi pensait que
les fées n’étaient que des légendes et si quelqu’un lui avait raconté en avoir croisé une dans
les bois, il ne l’aurait sans doute pas cru non plus.

De son côté, Ermelne avait soigné sa licorne et, après sa conversion avec Milon, elle se sentait
très déprimée. Elle avait appris que tous les hommes n’étaient pas cruels comme elle le
pensait mais d’un autre côté, elle se rendit compte que les jours des licornes étaient comptés :
elle qui était une fée dotée de pouvoirs magiques n’avait pas été à même de sauver la sienne et
sans l’intervention d’un autre homme, sa licorne aurait péri. Si elle n’avait pas été capable
d’être là pour elle, comment pouvait-elle espérer être de quelque secours pour les autres
licornes qui peuplaient encore la forêt ? Une à une, elle disparaîtrait victimes des hommes et
il ne faudrait pas longtemps pour que leur fière race s’éteigne à jamais. Elle considéra sa
licorne et pensa au petit qui naîtrait bientôt… Que deviendrait-il ? Combien de temps
survivrait-il à la tuerie ? Bien sûr, elle le protégerait mais elle venait de faire la cruelle
expérience qu’elle ne serait pas là à tout moment pour lui…

Les jours passèrent et la licorne se rétablit. Quand il se trouvait en forêt, Milon pensait à
Ermelne et, comme elle lui avait promis, elle lui apparaissait alors. C’est comme ça qu’ils
devinrent amis et qu’il furent deux à s’occuper de la licorne qui finit par s’habituer à cet
homme différent de ceux qu’elle avait connu. Parfois, il arrivait qu’Ermelne n’apparaisse pas.
En fait, si les habitants n’avaient pas cru Milon, ils avaient remarqué qu’il passait beaucoup
de temps en forêt. Certains décidèrent parfois de le suivre discrètement pour en avoir le coeur
net et… rien ne se passait : il ne rencontrait pas de fée et n’appelait personne. Pour les
habitants, ou c’était un menteur, ou il était devenu un peu fou. On ne trompe pas si
facilement une fée et quand Ermelne se rendait compte que Milon était suivi, même de loin,
elle ne lui apparaissait pas mais elle savait que ce n’était pas un piège de sa part car elle savait
qu’elle pouvait lui faire confiance. Et pendant ce temps, le massacre des licornes continuait…

Au contact d’ Ermelne, Milon avait pris de plus en plus distance par rapports aux hommes. Il
s’était construit une maison à l’orée du bois et vivait en ermite. Il passait beaucoup de temps
dans la forêt avec la fée et la licorne. Et puis, le jour de la naissance arriva : la licorne donna
naissance à un magnifique petit bébé. C’était un mâle très robuste et en pleine santé. Si la
naissance était un heureux événement, elle avait cependant un fond de tristesse quand ils
pensaient au sort des licornes.

Ermelne avait beaucoup pensé aux licornes, au massacre, à la cause du massacre et elle avait
eu une idée qui pouvait peut-être les sauver. Sa magie pourrait l’aider… A leur naissance,
les licornes n’ont pas encore de corne : juste une légère protubérance sur le front qui se
développe au fur et à mesure de la croissance. Elle commença alors à caresser lentement le
front du bébé licorne en entonnant un chant mystérieux. Elle répéta l’opération chaque jour.
Milon qui passait beaucoup de temps avec elle et qui s’occupait aussi des licornes comprit ce
qui était en train de se passer… Après quelques temps, la protubérance diminua et finit au
bout de quelques semaines par se résorber complètement : la magie d’ Ermelne avait fait son
oeuvre : jamais cette licorne ne serait dotée d’une corne. De plus ce trait était maintenant
héréditaire : toutes les licornes qui seraient fécondées par celle-ci naîtraient sans corne.
Comme elles étaient massacrées pour leur corne, leur tuerie devenait inutile sans cet attribut,
de moins, Ermelne l’espérait… Si les licornes étaient peut-être sauvées, ils étaient quand
même un peu tristes : une licorne sans corne, ce n’est plus vraiment une licorne. Et puis, sans
cette arme pour se défendre, peut-être seraient-elles la proie d’autres prédateurs ? D’un autre
côté, ces prédateurs ne pourraient pas être plus féroces que les hommes, alors pourquoi ne pas
essayer de leur donner cette chance ?

Le temps passa et la petite licorne grandit. Vint le jour où elle était prête à partir pour
accomplir sa mission. Ermelne qui communiquait avec les animaux avait bien fait son
éducation et lui avait bien expliqué ce qu’il en était. Après avoir fait ses adieux à chacun la
petite licorne devenue grande partit donc vivre sa vie. Sa mère était fort triste : la séparation
avec celui qui restait son petit, savoir qu’on assistait à la fin de ce qu’avait été les licornes,
savoir qu’elle était une des dernières de sa race et savoir que dans celles qui restaient
beaucoup seraient encore massacrée avant que la mutation ne soit accomplie, ça faisait
beaucoup… Elle était couchée en sphinx dans la clairière où avait l’habitude de se réunir le
quatuor. Ermelne qui était une fée et qui comprenait depuis toujours les animaux comprit tout
de suite son désarroi. Alors, elle se dirigea vers elle, s’accroupit et l’enlaça. Elle essaya de la
consoler en lui expliquant encore qu’elle devait retenir que, même si elles étaient différentes,
les licornes étaient maintenant sauvées et que c’était grâce à son petit qu’elles le seraient mais
que pour ça, il devait partir. Assis contre un arbre, Milon dessina la scène.

Et puis, le temps a passé. Milon a vieilli et a fini par mourir. C’est dans maison du vieil
ermite qu’on a retrouvé le dessin. On s’est souvenu de tout ce qu’il avait raconté : on en a
retenu une nouvelle légende sur les fées, mais est-ce une légende ? Ermelne lui a survécu
longtemps : les fées vivent beaucoup plus longtemps que les êtres humains.

Plus le temps passe, plus les choses changent, plus le monde change. On ne parle plus des
licornes. Du temps de Milon, c’était pourtant un animal habituel : c’était les fées qui faisaient
partie des légendes. Les dernières licornes furent massacrées ou eurent la chance de mourir
de vieillesse pendant que leurs « mutantes » commençaient à a se développer. Les hommes
furent étonnés de voir ces animaux étranges qui ressemblaient aux licornes mais n’avaient pas
de corne. Sans leur corne, ils n’avaient pas d’intérêts et on les laissa tranquille. On les appela
des « chevaux ». Ils durent changer leurs habitudes : sans leur arme, la vie dans la forêt était
devenue trop dangereuse alors, ils prirent l’habitude de vivre dans les prairies ou dans les
plaines. Les hommes finirent par leur trouver une utilité pour les aider dans leur travail ou
leurs déplacements. Un animal étrange : il est sauvage mais en même temps il s’habitue
tellement vite et si bien aux hommes… Peut-être parce que leur ancêtre commun descendait
d’un animal sauvage mais avait aussi été élevé par un homme qui au point de départ lui avait
quelque part sauvé la vie ? Il y a des choses qui restent dans les gènes et qui ne s’oublient
jamais.

Et puis, les chevaux se sont retrouvés partout et on a fini par oublier les licornes qui sont elles
aussi entrées dans la légende.

Plus personne maintenant ne veut croire que les licornes ont existé. Et pourtant, elles ont bel
et bien existé. La preuve c’est que les chevaux existent.

Du temps de Milon, c’étaient les fées qui étaient des légendes pourtant elles aussi existaient
mais elles sont invisibles. Contrairement aux licornes, elles existent sans doute encore :
comme elles sont invisibles, on ne peut pas les détruite. Si un jour au cours d’une promenade,
on voit une jolie fleur dans la campagne non loin d’un bois, une fleur dont les feuilles et toute
la plante sont impeccables, sans le moindre défaut alors que les autres qui l’entourent sont
moins en forme, c’est sans doute qu’une petite fée en sortira bientôt.

On ne me croit pas et pourtant,

«Cette histoire est vraie puisque je l'ai inventée...» (Boris Vian – « L'Écume des Jours")