dimanche 8 avril 2007

LUNDI 9 AVRIL, 14 JOURS...


SEGOLENE PENSE A...
....la France Présidente !
(çàd Démocratie participative, avec pouvoir d'achat garanti, du travail pour tous,...)
Cette campagne m'aura permis de faire la connaissances de personnes exceptionnelles, que j'ai déjà citées, et parmi elles, Suzanne Citron, une historienne qui fut aussi Résistante. (Voir sur Google).
Je "joue dans la même équipe" que Suzanne...Et c'est grâce à Ségolène !
Nous ne pouvons que gagner le match !
Voici l'un des derniers textes que Suzanne m'a transmis,texte qui mérite d'être lu attentivement.
(NB : j'ai finalement trouvé intéressant de transmettre tout le message de Suzanne, soit un texte qu'elle a voulu nous communiquer, puis un autre qu'elle a écrit)
“Libération”, 6 avril 2007“
Royal, pour faire échec à la droite”Interview d’Etienne Balibar.
Etienne Balibar est philosophe, professeur émérite à l'université Paris-X-Nanterre. Ancien élève du philosophe communiste Louis Althusser, il est aujourd'hui l'une des grandes références intellectuelles de l'extrême gauche.Vous souhaitez la victoire de Ségolène Royal. Pourquoi ? Il faut faire échec à la droite, dont le principal candidat vise une polarisation accrue de la société française, l'inscription de la xénophobie dans les institutions, la liquidation du droit de grève et la commercialisation de la culture. De plus, je ne crois pas qu'une défaite se solderait pour la gauche par une traversée du désert salvatrice, mais plutôt par une décomposition dont il lui serait difficile de se remettre. L'important à mes yeux est moins la personne, le style ou les convictions personnelles de Ségolène Royal que la place qu'elle occupe, les rapports de force entre acteurs politiques et l'usage qu'ils sauront faire de son élection. J'ajoute que l'arrivée d'une femme à la tête de l'Etat est une sorte de révolution, et qu'elle a été la seule à diagnostiquer le déficit de représentation de notre système politique, devenu propriété d'une caste de techniciens et de politiciens qui n'ont rien à envier à la monarchie de Juillet ou au second Empire. Il faudra être plus précis, mais le tollé suscité par ses modestes propositions de démocratie participative signale un trouble positif.Comment expliquer la faiblesse globale de la gauche ? Deux choses caractérisaient la gauche française : sa base sociale, centrée sur le salariat, dont elle s'était donné pour mission d'unifier les intérêts ; et un corpus de valeurs de solidarité, de liberté et d'égalité. Mais sur ces bases on a toujours vu se reproduire des clivages eux aussi constitutifs : gauche de gouvernement et de contestation, parlementaire et extra-parlementaire, marxiste et autogestionnaire, etc. Ce qui a rendu possibles les victoires électorales débouchant sur des conquêtes sociales et démocratiques, c'est la convergence politique des deux gauches, même de façon conflictuelle. Aujourd'hui, cette rencontre risque de ne plus se produire.Pourquoi ? Le parti socialiste, après des années de pouvoir et de cohabitations variées, est en mauvais état, mais je suis encore plus préoccupé par la «gauche de la gauche», à laquelle j'appartiens par formation intellectuelle et tradition militante. Les chapelles qui la composent se livrent une concurrence consternante qui révèle un électoralisme encore plus fort que chez les partis de gouvernement. Cet émiettement traduit de vrais désarrois devant la difficulté à fédérer des mouvements et des contestations hétérogènes, à concilier l'héritage du socialisme municipal avec la revendication des exclus. Il reflète aussi la perpétuation des clivages entre un gauchisme syndical et un anarchisme culturel post-soixante-huitard. Qu'on me comprenne bien, ces critiques sont aussi des autocritiques. C'est la faiblesse de la «gauche de la gauche» qui risque de faire gagner la droite dure, autant que le désenchantement des ouvriers, des enseignants et des classes moyennes envers le PS.Après la victoire du non au référendum, la gauche de la gauche avait semblé pouvoir s'unir ? Oui, mais le rejet du libéralisme, sur lequel elle a tenté de s'unir et d'entraîner une partie du PS, est un mot d'ordre très confus. Je préférerais qu'on parle d'anticapitalisme. Le libéralisme n'est pas à rejeter en bloc, qu'il s'agisse des libertés individuelles ou même de la concurrence économique, laquelle provoque chez les militants d'extrême gauche une phobie plus religieuse que politique. Cet antilibéralisme abstrait, qui en dit trop d'un côté, n'en dit pas assez sur les nouvelles formes du capitalisme : économie de la sous-traitance, développement du biocapital, perspectives d'exploitation du risque écologique planétaire, nouveaux blocs de rang mondial. Il ne permet ni d'isoler les adversaires principaux ni de tracer la démarcation nécessaire avec protectionnisme et étatisme.Ne mélange-t-on pas capitalisme, mondialisation et Europe libérale ? Si. Personne ne pense sérieusement que l'Etat français dispose par lui-même de la possibilité d'inverser le cours de la mondialisation. Le discours souverainiste est mystificateur. Mais il ne faut pas non plus se résigner au nouveau cycle qui est en train de détruire les droits mis en place par un siècle de réformes et de luttes de classes. Comme le dit Robert Castel, nous assistons à l'émergence, à la place du salariat classique, d'une nouvelle condition sociale : le précariat. La majorité des emplois créés sont instables, ce qui entraîne des conséquences psychologiques et sociales gravissimes, en particulier pour les jeunes ? même s'il faut trouver un nouveau régime pour la mobilité professionnelle. Sur ce point et sur d'autres ? l'exception culturelle, la rénovation des services publics, l'éducation civique ?, nos résistances et nos projets dépendent entièrement de l'inscription dans une dimension au moins européenne. Ayant voté «non» au référendum constitutionnel de 2005 précisément pour ces raisons, je dois bien constater que le débat est retombé. Mais je milite pour que la gauche aille dans le sens d'un fédéralisme européen, à condition que ses institutions soient démocratisées et décentralisées, ouvertes aux actions de masse en faveur d'un nouveau pacte social.A contrario, l'identité nationale est-elle un faux problème ? Pas du tout ! C'est un sujet à propos duquel le clivage gauche-droite doit être fortement mis en évidence. Malgré ses formes destructrices, la révolte des jeunes de banlieue contre les discriminations montre qu'il existe des ressources potentielles pour la nation républicaine, mais aussi, par contrecoup, qu'une partie des classes populaires en butte à l'insécurité est attirée par des positions populistes, voire racistes. On ne résistera pas à cette dérive avec un discours universaliste abstrait, prônant une sorte de citoyenneté nomade. Je n'ai rien à objecter au fait que Ségolène Royal revendique certains symboles patriotiques, dès lors qu'elle se prononce en même temps pour la régularisation d'une immigration de résidence autour de la scolarisation des enfants. Cela traduit une conception ouverte de la nation, à partir de laquelle toute la gauche, avec ses différentes sensibilités, peut s'atteler à une synthèse de l'identité française et de l'ouverture au monde du XXIe siècle._______________________
“Libération”, 30 mars 2007
Quelle histoire pour quelle nation?
L'histoire doit être réécrite pour une identité française ouverte et multicoloredans l'Europe et le monde d'aujourd'hui.Par Suzanne Citron
La nation nouvel enjeu de la campagne présidentielle ? Mais quelle nation, et selon quelle Histoire? S'agit-il du « romannational », qui survit en filigrane dans les manuels de l'école et en bribes dans les souvenirs des aînés ? Pour se défendre contre le tollé suscité par son inadmissible projet d'un "ministère del 'immigration et de l'identité nationale", Nicolas Sarkozy a déclaré(Caen, 9 mars) : "Celui qui arrive et qui aime la France devientl 'héritier de tout son passé ." Du côté de Ségolène Royal, "La gauche et la droite ne mettent pas le même contenu dans la notion d'identité"affirme Stéphane Rozes, tandis que Jean-Pierre Chevènement, très présent auprès de la candidate, assure qu'avec la Marseillaise et le drapeau, Ségolène Royal reprend le terrain trop souvent abandonné par la gauche depuis des lustres à la droite et à l'extrême droite(Libération, 27 mars.)
Mais la question de l'Histoire n'est pas
posée
.L'Histoire scolaire, fabriquée dans le contexte des passions nationalistes des années 1880 et de la culture raciale de las upériorité blanche et européenne, faisait silence sur la traite des noirs et sur l'esclavage. Elle exaltait la colonisation comme "la grande oeuvre de la République". Dans l'école devenue obligatoire, elle devait bâtir l'unité patriotique et nationale. Les enfants de la métropole, qu'ils soient corses ou basques, ont tous appris que leurs ancêtres étaient gaulois. Aux petits indigènes scolarisés dansl'Empire, aux Antilles, en Algérie, au Sénégal, l'Histoire a imputédes grands-pères gaulois, qui n'avaient pas la couleur de leur peau.Les héritiers d'une lointaine symbiose judéo-occitane ou judéo-arabeou les descendants d'une culture yiddish émigrée du shtetl ont adopté sans broncher, comme "naturels", ces mêmes ancêtres gaulois. C'était le temps où l'assimilation marchait. Parce que, depuis la Révolution et l'Empire, l'État et la Nation étaient confondus et que la République incarnait le Progrès humain,cette Histoire a, jusqu'à très récemment, masqué les exactions—notamment coloniales—imputables à l'État et à la sacro-sainte Révolution elle-même. Après la 2ème guerre mondiale, les massacres de Sétif du 8 mai 1945, la répression de 1947 à Madagascar ont été occultés pendant des décennies. Jusqu'à sa condamnation par Chirac, le 16 juillet 1995, les manuels ont ignoré la responsabilité de l'État vichyssois dans la déportation des juifs. Ils sont longtemps restés muets sur la torture en Algérie, sur le sort honteux des Harkis, sur la mémoire meurtrie des Pieds Noirs. La présence d'Indigènes dans l'armée de la Libération n'a été solennellement reconnue qu'à la suite du film qui la racontait. L'Histoire républicaine et nationale a refoulé dans le non dit les mémoires des vaincus et des blessés de l'Histoire. Elle a ignoré, dans son récit,les héritages spécifiques des Français alsaciens, bretons, corses,occitans, basques, des descendants d'immigrés, de colonisés,d'esclaves.Lorsque Nicolas Sarkozy enjoint aux nouveaux arrivants d'être « les héritiers de 2000 ans de christianisme », il méconnaît les quatorze siècles d'Islam dont les Français musulmans sont porteurs. Mais, entre les Hébreux et la Shoah, l'Histoire scolaire ignore, elle aussi, la saga juive, millénaire, méditerranéenne et européenne. Chacun doit enfin en prendre acte : la grande synthèse construite et léguée par les historiens libéraux (1) et républicains du 19ème siècle, estaujourd'hui caduque. Mise en cause par le réveil des mémoires, elle l'est aussi par les travaux conjugués des historiens, des archéologues, des anthropologues, des préhistoriens. Ils re-problématisent le passé en fonction d'éclairages neufs. Les nouveaux matériaux, les (re)lectures d'archives, l'interrogation sur le sens différent d'un même mot selon les moments, les lieux et les personnes, permettent de questionner le passé, de déconstruire les postulats nationalistes et scientistes du 19ème siècle, de faire tomber les cloisons artificielles qui emprisonnent les recherches et brident les fulgurances. Ils amorcent le chantier d'une Histoire pour demain, celle d'une France ouverte et multiple, dans une Europe à repenser, dans un monde chahuté, dans une terre en danger.L'Histoire dont les Français ont besoin comme support d'une identité nationale aux mille couleurs doit être mondiale et européenne pour être vraiment nationale, parce que les Français d'aujourd'hui ont desracines dans la planète entière. Tissée de mémoires croisées et d'identités plurielles, cette Histoire sera le support d'une citoyenneté commune des droits et des devoirs, une citoyenneté de combat contre toutes les inégalités, lucide sur les enjeux écologiques, tournée vers l'avenir .
C'est l'histoire revendiquée par Christiane Taubira ,la Française de Guyane, ce sera celle de la France métissée de Ségolène Royal.(1) au sens du 19ème siècle !
( Dernier livre paru : Mes lignes de démarcation, (Syllepse 2003).)
D'accord, c'était encore une fois un peu long...
Mais çà valait la peine de découvrir le style et les idées de Suzanne ! Une Grande Dame qui est devenue pour moi , une Amie, bien que je ne la connaisse que virtuellement...
Vivement qu'on ait gagné les élections, et qu'on puisse parler d'autre chose...
Vous êtes en retard pour les réponses aux questions du jour, enfin, en voilà encore une :
-Quel rapport entre Suzanne et le thé au jasmin ?

5 commentaires:

À 9 avril 2007 à 01:56 , Blogger Sophie a dit...

Faire confiance en l'intelligence collective des Français : ce pari, Ségolène Royal l'a gagné et a redonné confiance et fierté.
Comme 100 pensées pour vous, "jouer" dans la même cours que Mme Suzanne Citron m'est source d'émerveillement.
Emerveillement aussi de la richesse et du talent de chacun, de la solidité de nos engagements.

Avec Ségolène Royal, la politique ne sera plus jamais comme avant.
Et cela a déjà commencé.

Ségolène Royal, Présidente !

 
À 9 avril 2007 à 02:28 , Blogger 1OO pensées pour VOUS ! a dit...

Très bien exprimé, chère Sophie.
Mais tu n'a pas répondu à ma question !

 
À 9 avril 2007 à 07:28 , Blogger freewheelin a dit...

Bonjour,

Jamais de citron dans mon thé. Le mien est vert et japonais ;-)

Le point commun, c'est la traduction d'une chanson interprétée notamment par Léonard Cohen qui n'est pas ma tasse de thé ;-)

 
À 9 avril 2007 à 08:43 , Blogger 1OO pensées pour VOUS ! a dit...

Bonne réponse, Freewheelin !

 
À 9 avril 2007 à 13:43 , Blogger 1OO pensées pour VOUS ! a dit...

A freewheelin :

J'avais oublié de te demander quelle citation tu attribuais il y a quelques jours à Camus ?

Et j'ai l'impression que c'est celle de Mark Twain, à laquelle tu as répondu si brillamment !

 

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil